ENTRETIEN avec Jean-Luc Ménard, gérant du fonds chez Crédit Mutuel Asset Management.
Pourriez-vous nous rappeler l’ADN de votre fonds ?
CM-AM Small & MidCap Euro a pour objectif d’accompagner dans la durée le développement d’entreprises de croissance de grande qualité, créatrices de valeur et donc génératrices de performance pour les porteurs de parts du fonds.
L’univers d’investissement est constitué des petites et moyennes valeurs de la zone euro. Ce sont des sociétés dont la capitalisation boursière est comprise entre 200 millions et 10 milliards d’euros à la date d’achat. Le fonds a la possibilité de conserver une société dont la capitalisation boursière a dépassé les 10Md€, afin de continuer à l’accompagner si nous estimons qu’elle conserve un potentiel d’appréciation dans les prochaines années.
Son indice de référence est l’Eurostoxx ®Small Net Return. Le fonds est éligible au PEA. Il est noté 5 étoiles1 par Morningstar. Sur trois et cinq ans, ses performances2 lui permettent de se classer dans le premier quartile de sa catégorie.
Quel est votre processus d’investissement ?
CM-AM Small & MidCap Euro est un fonds de stock picking qui répond à une gestion de conviction. Partant du principe que les performances boursières d’une société sur le long terme sont étroitement liées à ses performances opérationnelles, la sélection des titres repose sur trois critères : une croissance régulière du chiffre d’affaires, une progression significative du résultat opérationnel dans la durée et la génération de flux de trésorerie disponibles. La première étape, la génération d’idées s’opère principalement à partir d’un scoring réalisé à un rythme mensuel qui fait ressortir les sociétés les plus intéressantes. Nous rencontrons les managers des entreprises, afin d’appréhender notamment leur modèle économique et leur stratégie industrielle, et de bien comprendre leurs moteurs de croissance. Puis nous modélisons le potentiel de création de valeur à moyen terme, grâce à notre modèle interne de valorisation basé sur le ratio rapportant la valeur d’entreprise au résultat d’exploitation. L’intégration de critères ESG intervient à deux niveaux3. D’une part, dans l’étape de valorisation des entreprises, l’équipe de gestion applique dans son modèle interne un système de bonus/malus spécifique au niveau du WACC (Weighted Average Cost of Capital ou coût moyen pondéré du capital). D’autre part, au niveau de la construction du portefeuille, dans la sélection des valeurs, des critères extra-financiers issus des notes ESG du pôle de Finance Responsable et Durable de Crédit Mutuel AM sont pris en compte de façon progressive afin d'améliorer la note ESG globale du fonds.
Quel est l’intérêt principal des petites et moyennes valeurs ?
Leur capacité de grandir. La création de valeur à moyen terme pour l’actionnaire quand ces sociétés enclenchent un cercle vertueux de croissance est très important. Les petites et moyennes valeurs présentent des taux de croissance élevés et démontrent souvent une forte capacité à accélérer leur développement grâce au dynamisme et la réactivité de leurs dirigeants, que ce soit par le biais d’acquisitions ou par des déploiements dans de nouvelles géographies.
C’est la raison pour laquelle le fonds a la possibilité de conserver des positions dont la capitalisation est devenue plus élevée sous l’effet d’une accélération du rythme de croissance avec la réussite de la stratégie menée par le management.
C’est pour cela que nous pouvons trouver dans le portefeuille la société Téléperformance sur laquelle nous sommes positionnés depuis plusieurs années, les premiers investissements ayant été réalisés vers 20€. La société figure ainsi en bonne position dans nos principaux investissements.
Petites ou moyennes valeurs en ce moment?
La capitalisation boursière médiane de nos investissements se situe autour de 5,5Md€ dernièrement. De manière structurelle, nous privilégions les valeurs moyennes, notamment pour leur liquidité plus importante et leur plus grande implication, en règle générale, dans la dimension extra-financière.
Le fonds a-t-il des biais sectoriels et géographiques ?
Environ 75% du fonds est investi sur les trois principaux pays de la zone Euro en termes de vivier de petites et moyennes valeurs à savoir la France, l’Allemagne et l’Italie.
La répartition sectorielle est la résultante du travail de sélection de titres que nous opérons et de grandes thématiques d’investissement que nous avons identifiées : l’innovation (digitalisation et automatisation accrue de l’économie), la recherche du bien-être (meilleure qualité de vie, notamment à travers le sport et une alimentation plus saine et naturelle), l’économie durable (transition énergétique, économie circulaire) et l’allongement de la durée de vie (santé et progrès médical avec la recherche, la prévention et le dépistage).
L’innovation débouche par exemple sur une exposition relativement importante au secteur de la technologie, et plus particulièrement sur le segment du paiement avec le français Worldline ou l’italien Nexi, mais aussi sur des valeurs industrielles comme l’allemand Kion.
La recherche du bien-être implique notamment des positions importantes sur des valeurs de consommation comme SEB et De’Longhi, tandis que l’allongement de la durée de vie se retrouve dans l’exposition au secteur de la santé avec notamment la première position du fonds Sartorius Stedim.
Un exemple de société liée à l’économie durable sur laquelle le fonds est positionné?
Au sein de cette tendance vers une économie plus durable, nous pouvons mentionner la société néerlandaise Alfen, qui est au cœur de la transition énergétique. Le groupe conçoit, développe et fabrique des réseaux intelligents, des systèmes de stockage d’énergie et des bornes de recharge pour véhicules électriques.
L’avantage d’Alfen réside dans la combinaison de ces activités en solutions intégrées pour répondre aux besoins de ses clients. Les fortes perspectives de croissance d’Alfen pour les prochaines années sont également soutenues par le plan vert mis en place par l’Union Européenne.
Un fait marquant à mentionner sur le fonds depuis un an ?
Dès la fin de l’été 2020, nous avons vu une nette remontée dans le classement de notre scoring des sociétés des secteurs des semi-conducteurs et de l’industrie, confortée par un discours plus optimiste de leurs dirigeants sur leurs perspectives d’activité. Nous avons donc progressivement renforcé les positions sur certaines de ces entreprises comme Kion et SOITEC. Ce mouvement en amont de belles performances boursières pour ces sociétés, anticipait un changement de dynamique opérationnelle, alimentée par l’amélioration de l’économie chinoise et des impacts plus limités des confinements en Europe et aux Etats-Unis.