RECHERCHEZ UN FONDS

Quelle est votre vue sur l’or et le secteur aurifère dans le contexte actuel ?

Les fondamentaux de l’offre et de la demande d’or sont solides. L’offre reste atone sur un an, et en baisse de 4% sur le trimestre. Certains gisements s’amenuisent et les teneurs s’affaiblissent. Cependant, quelques projets arrivent en production, comme Bruce Jack opéré par Pretium ou Meliadine opéré par Agnico Eagle Mines. Au 1er trimestre, la production minière aura été de 852 tonnes. Quant à la demande d’or, elle est à nouveau en progression depuis plusieurs semestres et continue de se raffermir. Elle provient notamment de la bijouterie, en hausse de 1% au cours du 1er trimestre 2019 avec 530 tonnes. L’Inde est le principal contributeur, avec une hausse de 5% sur 1 an, mais aussi les États-Unis et le Moyen Orient (+6% sur le trimestre). En Chine, la demande est plus faible ce trimestre, et semble être impactée par la guerre commerciale sino-américaine. Les banques centrales restent nettes acheteuses, et l’or représente aujourd’hui 10,9% des réserves de change mondiales. La demande électronique et industrielle est en léger recul. A contrario, la demande financière (lingots, pièces, ETF) est en hausse de 3% au premier trimestre et devrait même s’accélérer au second. En effet, l’intensification de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, et ses impacts négatifs sur l’économie mondiale, inquiètent les investisseurs, mais aussi les grandes banques centrales comme la BCE et la Réserve fédérale américaine. La Fed a d’ailleurs progressivement fait évoluer son discours en devenant de plus en plus « dovish » et évoquant même de façon très forte une possible inversion de sa politique monétaire au second semestre. Le premier impact aura été de faire baisser les taux, et ainsi de faire progresser l’or. En juin, il a dépassé les 1400$ l’once. Enfin, les tensions entre les États-Unis et l’Iran dans le détroit d’Ormuz n’ont fait qu’amplifier toutes ces craintes. Avec le ralentissement des grandes économies (Chine, Etats-Unis...) et des politiques monétaires à nouveau accommodantes, l’or devrait continuer de jouer un rôle majeur dans la diversification et la protection des portefeuilles.

Photo de Charlotte Peuron

Charlotte Peuron

Gérante du fonds CM-CIC Global Gold

Comment se comportent les sociétés aurifères ?

Dans un environnement porteur pour l’or, les sociétés aurifères tirent leurs épingles du jeu, ceci d’autant plus qu’elles se sont bien restructurées au cours des dernières années et qu’elles sont plus profitables. En effet, la moyenne des coûts totaux du secteur est aujourd’hui inférieure à 900$ l’once. Les marges sont donc très élevées aujourd’hui. La concentration du secteur s’est accélérée, avec les rapprochements de Barrick Gold et RandGold fin 2018, et de Newmont Mining et GoldCorp début 2019. Les petits acteurs se concentrent également, les managements préférant encore aujourd’hui acquérir des onces pour se diversifier plutôt que de les découvrir. C’est le cas par exemple de la société australienne Santa Barbara qui a mis récemment la main sur le canadien Atlantic Gold.

Comment sélectionnez-vous les sociétés, quelles sont vos principales convictions ?

Nous sélectionnons les sociétés après une analyse qualitative des actifs miniers (taille, type de mine, teneur, minéralogie...), du management (sa capacité à exécuter les objectifs, à développer les actifs...) et du pays (stabilité politique, réglementaire, fiscale, sécuritaire...). La pondération de chaque ligne est déterminée en fonction des risques attenants à chaque société et au potentiel de valorisation que nous espérons. Nous investissons également dans les sociétés de royalties et de streaming (sociétés qui participent au financement de projets et qui sont ensuite rémunérées sous forme de royalties ou d’or lors de la phase de production). Nous avons des positions importantes dans Kirkland Lake et Agnico Eagle Mines. Ces sociétés sont en phase de croissance, et produisent dans des pays à faibles risques, comme le Canada et la Finlande. Nous apprécions également des sociétés comme Endeavour Mining et Semafo pour la qualité et le potentiel de leurs mines (haute teneur, extraction minière aisée, extension possible...), ceci malgré les risques géopolitiques et sécuritaires actuels, puisque que les actifs sont localisés au Burkina Faso, au Mali...

Quelle est votre stratégie pour le reste de l’année 2019 ?

La volatilité sur ce segment de marché devrait rester forte. Par conséquent, il faut privilégier les sociétés de qualité. Nous allons conserver également des positions importantes sur les majors, tels que Barrickgold ou Newmont Mining, recherchées pour leur liquidité.

L’industrie étant en phase de concentration, nous avons également en portefeuille des sociétés pouvant faire l’objet d’OPA. C’est le cas par exemple de Pretium. Enfin, nous ne négligeons pas les petits producteurs offrant un bon potentiel de croissance de production à moyen terme, comme Wesdome qui produit au Canada, ou les développeurs comme Continental Resources.

 

Achevé de rédiger le 12 juillet 2019