Entretien avec Charlotte Peuron, gérante du fonds chez Crédit Mutuel Asset Management

Comment s’est comportée cette classe d’actif au cours de cette crise bancaire ?
Au cours du premier trimestre 2023, l’or et le secteur des métaux précieux ont joué leur rôle de diversification dans les portefeuilles (cf. graphique ci-dessous du World Gold Council). En mars 2023, l’or progresse de près de 8% et les sociétés aurifères de 18,3% (Nyse Arca en USD). Après un début d’année de prise de profits, la crise bancaire aux Etats-Unis qui s’est finalement vite exportée en Europe au travers de Crédit Suisse, a porté l’or sur ses plus hauts. La baisse du dollar liée au ralentissement du resserrement monétaire aux Etats-Unis et à la poursuite des resserrements dans les autres zones géographiques maintiennent l’or sur des niveaux élevés. Cela s’illustre par la corrélation récente entre de le prix de l’or et l’évolution de du « spread atlantique ».
La demande reste bien orientée en provenance de la bijouterie et de la technologie (respectivement 40% et 10% de la demande aujourd’hui) et les banques centrales sont toujours nettes acheteuses d’or. La demande d’investissement est aujourd’hui plus aléatoire. Cependant compte tenu des évènements financiers récents, nous restons constructifs pour la tendance à venir.
Que retenez-vous de vos rencontres récentes avec les sociétés productrices de métaux précieux?
Cette tendance positive des prix est très favorable pour les sociétés productrices de métaux précieux. Avec un prix moyen de l’or de 1890$ l’once au T1-2023 et des coûts de production d’environ 930$/oz en moyenne (pour 2023), les marges des entreprises vont être très élevées. Cela relève donc les niveaux de valorisations et explique la surperformance des sociétés versus les prix des métaux en fin de trimestre. Ceci devrait également perdurer, notamment sur l’or qui se maintient au-dessus de 1990$ l’once.
Aussi suite à nos récents échanges, nous sommes confiants sur la capacité des sociétés à délivrer de bonnes performances opérationnelles. Les pressions sur les coûts s’estompent, même si les coûts salariaux sont encore tendus dans certains pays comme le Canada et les Etats-Unis. Les coûts de forages d’exploration sont également tendus. Cela est dû à la forte demande actuelle, notamment dans l’exploration de gisement d’autres métaux comme le lithium… Ceci pourrait entrainer quelques hausses de budgets et augmenter les délais d’exploration.
La hausse des coûts énergétiques, a accéléré des investissements dans les énergies de substitutions là où cela était possible, aussi bon nombre de sociétés ont développé des fermes solaires pour la fourniture d’une partie de l’électricité.
Nous constatons également que les producteurs d’or sont de plus en plus intéressés par une diversification notamment dans le cuivre.
Quel est le comportement de CM-AM Global Gold ?
Depuis le début de l’année 2023, CMAM Global Gold enregistre une performance de + 9,8% *(au 31 mars 2023), et profite pleinement de l’accélération haussière du secteur. Nous étions sous-exposés au cours de janvier et février et nous avons repondéré notre portefeuille en mars, pour atteindre un taux d’exposition de 98%. Suite à différentes rencontres avec les managements, nous avons investi dans Victoria Gold. La société, après avoir connu quelques difficultés en 2022, est en phase de recovery. Le M&A reste un driver important, aussi Victoria Gold pourrait être une cible dans le mouvement de concentration. En contrepartie nous avons réduit notre position dans I-80 Mining dont le développement est ralenti. L’ensemble des actifs étant dans le Nevada, les coûts de développement pourraient être relevés. Dans les majors nous privilégions toujours Barrick Gold versus Newmont qui est en « discussion » avec Newcrest. Suite à la finalisation de l’opération sur Yamana Gold, nous sommes également bien pondéré sur Agnico Eagle Mines.