ENTRETIEN avec Charlotte Peuron, gérante du fonds chez Crédit Mutuel Asset Management
Depuis le début de l’année 2022, les métaux précieux et les producteurs déçoivent les investisseurs avec des performances négatives : Or -4,3% en USD mais +5,4% en Euros ; le FT GoldMines - 21,77% mais -13,8% en euros et -8,4% pour CM-AM Global Gold. Aussi revenons sur les différents drivers qui expliquent cette performance.
Tout d’abord les fondamentaux de long terme sont globalement bien orienté et restent des supports pour le prix de l’or.
En effet, la demande de bijouterie a poursuivi son redressement post crise du Covid-19. La forte hausse +28% du troisième trimestre s’explique également par la baisse du prix de l’or. Un fait marquant fut la reprise des achats nets d’or de la part des banques centrales (hors Russie) avec plus des 300 tonnes d’or achetées au troisième trimestre. La demande industrielle et technologique est sur une bonne tendance également.
En revanche, la demande d’investissement se sépare en deux segments :
- la demande physique en pièces et lingots est en nette hausse ;
- la demande financière, souvent de court terme et liée aux indicateurs économiques et financiers, a pesé sur le cours de l’or dû à la vente d’ETF Or et de position « short » sur le Comex.
Le changement de la politique monétaire de la FED, la hausse des taux d’intérêt réel et la force du dollar américain ont poussé les investisseurs à réduire leurs anticipations d’inflation à 5 et 10 ans.
Dans une période de ralentissement économique globale, ou la Chine reste cloitrée avec sa politique zéro Covid, qui est en train d’évoluer, et où l’Europe est très pénalisée par la hausse des prix de l’énergie et le conflit en Ukraine, les investisseurs se sont reportés sur le dollar US et l’achat de bonds américains.
Les taux d’intérêt réel restent bas, autour de 1,5% (10 ans américain) et le dollar US semble avoir terminé sa hausse, ces deux éléments pourraient avoir des effets positifs sur le prix de l’or au cours des prochaines semaines.
Les sociétés productrices de métaux restent donc sous la double pression de la correction du prix des sous-jacents et de la pression inflationniste des coûts. Cependant, beaucoup d’entre elles ont bénéficié de la faiblesse des monnaies locales ce qui a compensé une partie des hausses de coûts. Les pressions viennent essentiellement des prix du diesel, des hausses de salaires, et hausse de prix de logistique et des réactifs. Compte tenu des échanges récents avec les entreprises, nous constatons que ces pressions inflationnistes commencent à se réduire.
Dans cet environnement nous privilégions les sociétés de royalties qui la nature de leur activité sont peu impactées par le pincement des marges. Elles représentent 12% de notre portefeuille. De plus la concentration actuelle dans ce segment soutient aussi les cours.
Nous conservons entre 3% et 5% de liquidité pour investir dans de nouvelles opportunités comme Fotuna Sliver. Pour profiter également de la tendance long terme du cuivre, nous avons près de 7,2% investi dans des sociétés cuprifères, mais qui produisent également de l’or.