RECHERCHEZ UN FONDS

Les valeurs innovantes de croissance ont été secouées depuis le début de l’année par des marchés boursiers nerveux. La question qui se pose est bien d’évaluer si les meilleures années de la thématique de l’innovation sont dépassées ou si celles-ci offrent encore une croissance attractive sur la décennie ? Décryptage par Leslie Griffe de Malval, Rosaine Cousin gérants du fonds CM-AM Global Innovation, et Bastien Ducept, analyste, chez Crédit Mutuel Asset Management.

Quel est l’ADN du fonds CM-AM Global Innovation ?

L’innovation c’est la pierre angulaire de la croissance future d’une entreprise et elle est au cœur de l’expansion économique des nations. L’innovation est diverse. Elle apporte de la nouveauté à l’utilisateur ; elle rend son organisation plus compétitive, plus inventive et crée de la valeur. Que ce soit le digital, l’internet des objets ou l’automatisation intelligente, ces technologies rendent les processus d’innovation à la fois plus accessibles, plus rapides mais aussi plus ambitieux. Les retombées économiques pour l’entreprise sont aussi beaucoup plus importantes et immédiates.

Quel est votre processus de gestion pour ce fonds ?

L’ADN de CM-AM Global Innovation est de rechercher ces sociétés innovantes, audacieuses, disruptives, qui offrent un potentiel de croissance futur élevé. C’est un fonds de stock picking, qui compte une cinquantaine de valeurs. Le Top 10 représente 39 % de l’actif et reflète nos convictions fortes. Notre philosophie de gestion s’inscrit sur le long terme. Elle accorde une grande importance à la sélection de valeurs. Chaque valeur fait l’objet d’une analyse qualitative et financière rigoureuse. Actuellement, nous échangeons régulièrement, à défaut de pouvoir les rencontrer en face à face, avec les managements que ce soit en Europe, en Asie ou aux Etats-Unis.

Pouvez-vous situer la performance du fonds depuis le début d’année et sa création ?

La performance du fonds depuis le début de l’année est de -25% . Les valeurs du fonds ont subi de plein fouet la rotation des valeurs de croissances vers le style « value ». La remontée des taux et la compression des multiples sur les valeurs de duration longue ont amené les investisseurs à vendre massivement. Depuis sa création le 31 janvier 2018, le fonds offre un retour positif à +35%. L’horizon de placement conseillé du fonds est de 7 ans et il convient de dépasser les intermèdes boursiers chahutés par une remontée de taux rapide et la guerre en Ukraine qui perturbent l’ordre établi. La performance depuis le lancement du fonds illustre la création de valeur des sociétés innovantes.

Est-ce une opportunité pour revenir sur les valeurs innovantes ?

Dans une interview récente, le directeur général de Google Cloud indiquait que la croissance du Cloud restait très soutenue même durant cette période d’incertitude et que c’était une priorité pour 95% des entreprises et des organisations dans le monde. Plus spécifiquement, Amazon, Alphabet et Microsoft ont fait état d’une croissance de CA de cette activité comprise entre 35% et 46% sur le premier trimestre 2022. Autre exemple : la cyber sécurité. Le cabinet Gartner prévoit une croissance annuelle du secteur à +11% jusqu’en 2025. Donc la demande est là et il y a de nombreuses opportunités d’investissement à saisir. D’autant plus que la correction depuis la fin de l’année dernière a été violente. Elle offre des points d’entrée plus attractifs en termes de valorisation sur des sociétés dont le potentiel de croissance à la fois du chiffre d’affaires et des bénéfices par action sont importants. Ainsi la croissance moyenne pondérée du chiffres d’affaires des sociétés du fonds est de 20,6% pour 2022 et de 23,9% pour les BPA. La transition vers le cloud computing accélère, seuls 30% des tâches informatiques ayant déjà basculé dans cet environnement plus productif. La digitalisation des paiements et des processus industriels sont des marchés présentant de belles perspectives de croissance pour les années à venir.

A plus court terme ? Comment vous positionnez vous ?

Nous nous focalisons sur les sociétés bénéficiant de forts avantages compétitifs sur des marchés ayant une croissance séculaire et dont le modèle économique est éprouvé. Nous avons passé au crible le portefeuille afin d’éviter les sociétés ayant des besoins ou des problèmes de financement dans un contexte où il est plus difficile de lever des fonds. Nous favorisons les sociétés générant du cash. Nous faisons également des arbitrages et notre position de cash autour de 4,5% nous permet de renforcer les lignes qui nous semblent les plus durement pénalisées dans le contexte de marché actuel.

Quels sont les principaux thèmes d’investissement du fonds ?

Nous avons 4 principaux thèmes d’investissement :

  • L’industrie 4.0 (38,5% du portefeuille ) dont l’un des enjeux est la simplification de la chaîne logistique au travers de l’automatisation et l’efficience énergétique avec des positions sur Dassault Systèmes ou encore Alfen ;
  • La santé (11,4%) avec des sociétés aidant à la digitalisation du suivi ou de la recherche avec Dexcom et Veeva Systems ;
  • La digitalisation du consommateur (16,3%) passant notamment par le commerce électronique et les paiements numériques au travers de MercadoLibre ou Ayden ;
  • La technologie (33,8%) où l’intelligence artificielle, l’ecommerce et la cyber sécurité progressent rapidement à l’image de Crowdstrike et Adobe.

Pouvez-vous nous donner quelques exemples de vos convictions ?

Suite à l’obtention de la qualification Tibi décernée par le Ministère de l’Economie, reconnaissant les fonds participants au financement des sociétés françaises de la 4ème révolution industrielle et technologique, le fonds a participé à l’introduction en bourse d’OVH. Cette société française est l’un des leaders dans le domaine du cloud computing en Europe et nous accompagnons son développement.

Parmi nos convictions Synospsis le leader américain des logiciels de conception et de vérification des semi-conducteurs se distingue. Cette société bénéficie de la croissance séculaire des semi-conducteurs et tire profit de l’intérêt croissant pour la phase de conception. Cette dernière est le moyen privilégié pour gagner en efficacité en raison de l’essoufflement de la loi Moore.

Nous avons profité de la correction actuelle pour bâtir une position sur Adyen dont la valorisation est devenue plus abordable. Cette plateforme de paiement néerlandaise propose un écosystème technologique complet qui permet une fluidité dans le traitement de différents moyens de paiements. Plébiscitée par des clients prestigieux tels Booking.com La société prévoit d’étendre son offre à d’autres services aux entreprises, ce qui de facto étend son marché adressable.

Pouvez-vous nous indiquer comment progresse l’intégration de l’ESG dans votre gestion ?

Les sociétés innovantes progressent dans la prise en compte de l’ESG et dans leur communication sur ce sujet ce qui est encourageant. Concrètement, la stratégie d’investissement du fonds intègre plusieurs critères extra-financiers. L’indicateur principal du fonds est son scoring carbone (de 1 à 5, 5 étant le meilleur score), mesurant les émissions carbones, de chaque société présente dans le portefeuille, par rapport à celles de son secteur. La moyenne pondérée doit être supérieure à celle de l’indice de comparaison du fonds. Au 29 avril 2022, le scoring carbone du fonds était meilleur que celui du MSCI All Country World, 2,7 vs. 2,6. Autre critère, les sociétés du fonds ont des notes ESG (de 1 à 5, 5 étant le meilleur score) et pas plus de 10% de l’actif du fonds ne peut être investi sur des sociétés ayant le score le plus faible. A fin avril, les sociétés avec un score de 1 représentaient de 0,9%. Les scoring carbone et ESG sont établis par le pôle d’analyse Finance Responsable et du Durable de Crédit Mutuel Asset Management selon une méthodologie propriétaire. Le fonds est article 8 selon la classification SFDR et catégorie 2 selon celle de l’AMF. En résumé, les critères ESG sont une des composantes de la gestion mais leur poids dans la décision finale n’est pas défini en amont.