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Point Macro-économique avec François Duhen

Le mois de février a été marqué par un regain d’aversion au risque sur les marchés financiers, en raison des inquiétudes persistantes quant au rythme de resserrement monétaire des principales banques centrales, mais aussi et surtout de l’embrasement du conflit en Ukraine à la fin du mois, V. Poutine ayant débuté l’invasion du pays le 24 février, alimentant une flambée du prix de nombreuses matières premières de nature à pénaliser la croissance économique mondiale, et plus particulièrement européenne.

En Europe, les pressions inflationnistes ont continué de s’intensifier en février, sans compter l’envolée brutale des cours des matières premières à la fin du mois sur fond d’escalade du conflit en Ukraine. Le risque géopolitique est ainsi venu se placer sur le devant de la scène, alors que les pays occidentaux ont adopté une série de sanctions historiques à l’encontre de la Russie, l’Union européenne s’étant néanmoins gardé pour l’instant d’imposer un embargo sur le pétrole russe, contrairement au Royaume-Uni et aux Etats-Unis qui l’ont annoncé début mars. Face à des perspectives de croissance dégradée et d’inflation encore plus forte et durable, la correction des marchés actions a ainsi été sévère, tandis que les taux souverains longs se sont repliés d’un cran, en dépit d’une BCE volontaire à s’engager dans la voie du resserrement monétaire.

Aux Etats-Unis , l’emballement de l’inflation a également renforcé les anticipations d’un resserrement monétaire plus rapide, de nombreux investisseurs prenant en compte l’éventualité d’une hausse de 50 pb dès le mois de mars, une hypothèse aussi alimentée par divers membres de la Fed. Le conflit ukrainien aura néanmoins aussi, certes dans une moindre mesure, des conséquences sur l’économie américaine, par ailleurs dynamique comme en témoigne la bonne dynamique du marché du travail. Relativement stable en février, il est à noter que le dollar a fini par progresser sensiblement face aux principales devises, singulièrement face à l’euro, dès le début du mois de mars, sur fond d’aversion au risque marquée.

La Chine a confirmé son tournant vers une politique monétaire plus accommodante dans une tentative de relancer une économie déjà moins dynamique ces derniers mois, alors que l’abandon de la politique sanitaire « zéro-Covid » est encore loin d’être acquis compte tenu d’une tension hospitalière encore forte dans la région, notamment à Hong Kong.

Du côté des matières premières, l’envolée des cours s’est accélérée du fait des tensions géopolitiques accrues qui interrogent quant à de potentielles interruptions des exportations russes, notamment pour le gaz et le pétrole. Malgré des espoirs de remontée de production de certains pays de l’OPEP+ ou encore d’une avancée sur le nucléaire iranien permettant un retour des exportations de ce pays, ce sont surtout les réserves stratégiques et les aides d’Etat qui ont été mises en avant à ce stade, sans empêcher le cours du Brent d’atteindre un nouveau point haut niveau depuis 2014 en dépassant 100 $/baril après le début des hostilités en Ukraine, niveau qui sera encore nettement dépassé début mars. Il en va de même pour de nombreux métaux industriels, ainsi que pour les matières premières agricoles, en particulier le blé compte tenu de la forte production de cette céréale en Ukraine et en Russie. L’or a pour sa part dépassé le seuil de 2000 $/once pour la première fois depuis août 2020.

Achevé de rédiger le 4 mars 2022