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Point Macro-économique par François DUHEN, Chef économiste et Stratégiste CIC Market Solutions Janvier 2023

Exempté de rendez-vous majeur des banques centrales, le mois de janvier aura surtout vu les statistiques économiques corroborer deux tendances clés amorcées dès la fin de l’année dernière, à savoir la résilience de l’économie mondiale et la confirmation de la décélération de l’inflation. Alors que cela a ouvert la voie à une inflexion du discours des banquiers centraux des deux côtés de l’Atlantique, l’optimisme des investisseurs quant à une détente des anticipations tant sur la dureté que sur la durée du resserrement monétaire s’est avant tout matérialisé par la rechute des taux souverains mondiaux et par la hausse des marchés d’actions. Cette détente de l’aversion au risque a aussi été renforcée par les premiers signes tangibles de la réouverture de l’économie chinoise, cette dernière s’orientant désormais vers une normalisation progressive qui pourrait porter la croissance mondiale dans son sillage, ce qui n’a d’ailleurs pas manqué de porter les prix des matières premières ces dernières semaines.

En zone euro, les divergences au sein des membres de la BCE concernant la poursuite du resserrement monétaire sont nombreuses, le rebond de la dynamique économique faisant craindre à certains une réaccélération de l’inflation. L’activité économique résiste en effet mieux qu’attendu, comme illustré par les indices PMI publiés ce mois-ci, lesquels continuent de s’inscrire en territoire d’expansion et en amélioration séquentielle (composite à 50,2 contre 49,8 attendu et 49,3 en décembre). Ceci a notamment permis une détente sensible des anticipations de hausse de taux directeurs de la BCE qui s’est reflétée dans la rechute des taux souverains européens. Alors que le constat est un cran moins positif sur l’inflation, à l’image du taux d’inflation espagnol ressorti au-dessus des attentes (+5,8% en glissement annuel contre 4,8% attendu), cela tranche surtout avec la prudence adoptée par les entreprises dans leur communication des résultats du T4-2022. Celles-ci mettent particulièrement en avant l’érosion de la demande et le niveau élevé d’incertitude qui plane sur les prochains mois, ce qui a permis tout de même de limiter le rebond des marchés d’actions sur le Vieux continent.

La situation est bien plus critique au Royaume-Uni où les indicateurs d’activité restent pour leur part en territoire de contraction, aussi bien dans les services que dans l’industrie. Les indices PMI ont ainsi déçu (composite à 47,8 contre 49,3 attendu), et soulignent une nouvelle fois les difficultés rencontrées par l’économie britannique en raison d’une inflation qui continue de surprendre à la hausse (inflation cœur de +6,5% en glissement annuel) et de peser ainsi lourdement sur le pouvoir d’achat des ménages. Par ailleurs, la politique budgétaire outre-Manche diverge fortement de celle menée au sein de l’Union, marquée avant tout par le retour de l’austérité budgétaire en 2023, et notamment la suppression d’une large partie des aides aux entreprises malgré un contexte d’explosion de la facture énergique.

Aux Etats-Unis, les différentes statistiques économiques confirment là-aussi les ambivalences qui peuvent émerger dans un monde où l’inflation décélère en dépit d’un marché de l’emploi et d’une économie plus résilients que jamais. La croissance du PIB au T4-2022 a notamment été meilleure qu’attendu (+2,9% en glissement trimestriel annualisé contre +2,6% attendu), portée notamment par une consommation robuste, alors que l’inflation a confirmé qu’un pic semble bel et bien avoir été atteint en fin d’année dernière (à 5% en janvier vs 5,5% en décembre). Cet optimisme s’est traduit là-aussi par une baisse des taux souverains encore plus marquée qu’en Europe, bien que des communications d’entreprises particulièrement pessimistes (vagues de licenciements chez les géants de la Technologie, ralentissement de la consommation discrétionnaire…) ont empêché les indices actions américains de surperformer leurs pairs européens.

En Chine, le début de l’année a été très incertain du fait de la flambée des contaminations suite à la réouverture du pays et l’économie chinoise était de plus en plus désorganisée. Néanmoins, dès le milieu du mois les autorités sanitaires se sont montrées confiantes sur la situation sanitaire, plusieurs régions du pays ayant passé leur pic de contamination. En outre, les dépenses lors du nouvel an lunaire ont bondi (+12% par rapport à l’année dernière) et les données de congestion routière pointent vers une normalisation progressive des déplacements. Ces indicateurs économiques positifs et le niveau très élevé de l’épargne des ménages ont porté non seulement les indices actions locaux mais aussi les prix des matières premières.

En effet, les anticipations d’un rebond important de la demande chinoise à mesure que l’activité reprend et que les mesures de soutien du gouvernement se multiplient ont fortement soutenu les cours des matières premières, notamment du cuivre et l’aluminium qui ont atteint de nouveaux points hauts depuis plusieurs mois. En revanche, les cours du brut n’en ont que modestement profité, ralentis par le maintien des exportations russes à des niveaux plus élevés qu’anticipé malgré l’entrée en vigueur des sanctions occidentales. De son côté, le cours du gaz continue de baisser, sur fond de conditions météorologiques exceptionnellement douces.

Achevé de rédiger le 7 février 2023