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Point Macro-économique avec François Duhen

L’inflation continue d’être la principale préoccupation des marchés financiers, qui intègrent cependant de plus en plus le risque d’un ralentissement significatif de l’activité économique dans les pays occidentaux. Les investisseurs oscillent ainsi entre craintes de resserrement monétaire trop agressif au détriment de la croissance et espoirs d’une temporisation de la part des banques centrales, ce qui a contribué à contenir l’aversion pour le risque. La levée progressive des contraintes sanitaires en Chine a également ravivé l’optimisme quant à une amélioration des tensions sur les chaînes d’approvisionnement, ce qui viendrait apaiser les pressions inflationnistes.

En atteignant un record historique à 8,1%, la rapide progression de l’inflation en zone euro a renforcé le sentiment d’urgence d’un resserrement monétaire plus rapide de la BCE. Ainsi, Christine Lagarde a indiqué pour la première fois qu’une sortie des taux de dépôts négatifs dès la fin du 3ème trimestre était probable, tandis que certains membres se sont montrés favorables à des hausses de taux de 50 pb. L’euro en a profité pour rebondir face au dollar (+2%), soutenu également par la poursuite de la remontée des taux souverains (+18 pb pour le taux 10 français, +20 pb pour le 10 ans allemand). Le risque de fragmentation de la zone euro redevient aussi un sujet d’inquiétudes pour les marchés financiers, ce qui se reflète dans la poursuite de l’écartement des spreads périphériques (+13 pb pour le spread italien) ainsi que de l’Itraxx Crossover (+26 pb), traduisant une certaine aversion au risque sur le segment obligataire. En dépit de ce regain d’aversion au risque, les principaux indices actions européens ont réussi à terminer le mois à l’équilibre (-0,1% pour le Stoxx Europe 600, +0,7% pour le CAC 40), grâce au dégonflement des attentes liées à la Fed (cf. infra) mais aussi à l’absence d’aggravation du conflit ukrainien. Outre-Manche, la situation n’est guère plus encourageante, la Banque d’Angleterre ayant relevé ses taux alors que les investisseurs craignent de plus en plus un risque de stagflation (régime de faible croissance et inflation élevée), ce qui continue de peser sur la livre sterling.

Aux Etats-Unis, l’inflation montre des signaux d’accalmie, ce qui renforce les attentes de certains investisseurs quant à une pause dans le resserrement monétaire de la Fed en septembre. Certains membres ont néanmoins tempéré ces espoirs en réitérant que leur priortité restait la lutte contre les pressions inflationnistes, lesquelles restent prégnantes comme en témoigne la flambée des prix de l’essence qui ne cessent de battre des records historiques. Les ménages américains commencent ainsi à ressentir la contraction de leur pouvoir d’achat, ce qui se reflète dans la faiblesse des indicateurs de confiance, bien que la consommation résiste pour l’instant grâce à l’utilisation de l’épargne. L’impact des tensions inflationnistes se reflètent également dans la communication de plusieurs acteurs du secteur de la distribution, lesquels ont exprimé des doutes quant à leur capacité à continuer à passer des hausses de prix et donc à protéger leurs marges. Ceci a ébranlé temporairement les marchés d’actions américains, avant que ces derniers ne reviennent à l’équilibre (-0,6% pour le S&P 500 sur le mois) grâce à l’optimisme autour de la stratégie de la Fed. Ce dernier élément se traduit aussi par une rechute des taux souverains américains (respectivement -14 pb et -20 pb pour les taux 10 ans et 2 ans) et la dépréciation du dollar (-1,4%).

En Chine, l’assouplissement du confinement à Shanghai a largement contribué à l’apaisement des craintes quant à l’activité chinoise, fortement pénalisée jusqu’ici par les contraintes sanitaires (l’indice PMI Caixin manufacturier est toujours en territoire de contraction). Pékin multiplie par ailleurs les mesures de soutien à l’économie, via le secteur des infrastructures notamment, ce qui a accéléré le rebond des indices actions chinois (+4% pour le Hang Seng), qui ont surperformé leurs pairs des marchés émergents à la fin du mois.

Les cours du pétrole ont de nouveau accéléré à la hausse suite à l’annonce d’un embargo européen sur le pétrole russe, bien que celui-ci ne sera que progressif et que certains pays ont été exemptés (Hongrie). Mentionnons aussi que le prix du blé a atteint un nouveau pic historique ces dernières semaines, dans le sillage d’une envolée des prix des céréales en général, sur fond d’interruption des exportations ukrainiennes, bien que Vladimir Poutine ait évoqué une éventuelle ouverture de certains ports en Mer Noire afin de faciliter le transit.

Achevé de rédiger le 7 juin 2022