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Point Macro-économique par François DUHEN, Chef économiste et Stratégiste CIC Market Solutions - Août 2022

Les banquiers centraux, ont martelé un message clair afin de consacrer pleinement leurs efforts à la lutte contre l’inflation. Cette communication a amplifié le rebond très net des taux souverains européens et américains tout au long du mois d’août d’autant que les signaux sur la croissance américaine ont été rassurants et plaident pour un « atterrissage en douceur » de l’activité. Néanmoins, l’activité a ralenti, y compris en Chine, en particulier dans l’industrie, en raison des difficultés d’approvisionnement énergétique et des facteurs liés au réchauffement climatique.

En zone euro, les taux souverains ont très nettement rebondi au mois d’août (à 10 ans en France : +70 pb à 2,15% ; en Allemagne : +60 pb à 1,54%) en raison d’une communication plus agressive de la Banque centrale européenne (BCE), laquelle apparaît résolue à durablement relever ses taux directeurs en territoire restrictif. I. Schnabel, membre du directoire de la BCE, a en effet formulé à deux reprises des craintes relatives au désancrage des anticipations d’inflation. Cela est d’autant plus nécessaire que l’inflation en zone euro, notamment énergétique en raison des restrictions sur l’offre de gaz par la Russie, a poursuivi son accélération (+9,1% en glissement annuel en août après +8,9% en juillet) et l’indice des prix à la production a atteint un point haut historique en Allemagne (+37,2% en glissement annuel en juillet). Si les indices d’activité PMI du mois d’août de la zone euro indiquent que l’activité continue de se contracter dans l’industrie, leur évolution n’a pas inversé le mouvement haussier des taux alors que la zone euro reste pénalisée par la perte de pouvoir d’achat des ménages. Entre hausse des taux et dégradation rapide des perspectives de croissance, les indices actions européens se sont repliés vers la fin du mois d’août (-5% pour le Stoxx Europe 600 et pour le CAC 40). L’euro a continué à se déprécier face au dollar (-2% à 1 € = 1 $) et cela malgré la réintégration du resserrement monétaire rapide de la BCE. Outre-Manche, la Banque d’Angleterre a procédé au relèvement de +50 pb de son principal taux directeur afin de lutter contre l’inflation, laquelle atteint 10,1% en glissement annuel en août. La perspective d’une récession économique d’ampleur a toutefois conduit au repli de la livre sterling face à l’euro (-3% sur le mois à 1 € = 0,864 £).

Aux Etats-Unis, à l’occasion du symposium de la Fed à Jackson Hole, Jérôme Powell, son président, a largement insisté sur la nécessité de poursuivre le durcissement monétaire. Ces propos, comme ceux des autres membres, sont venus amplifier le mouvement haussier des taux souverains américains, notamment par la composante réelle, lesquels ont connu une hausse substantielle de près de 50 pb en août (à 2 ans : à 3,45% ; à 10 ans : à 3,15%) et ont également conduit au repli des marchés d’actions (-4% pour le S&P 500 en août). Si les pressions inflationnistes se sont légèrement détendues, les indices d’activité ISM et l’enquête emploi de juillet, publiés au début du mois, ont rassuré les investisseurs et conforté les banquiers centraux dans le maintien d’un rythme soutenu de resserrement monétaire sans provoquer d’accident majeur sur la croissance. Du reste, des mesures de soutien à l’économie ont été adoptés ce mois (plan de relance de 430 MM$ sur 10 ans) quoique l’impact sur la croissance et l’inflation restera très limité.

En Chine, outre le regain de tensions géopolitiques avec Taïwan, l’activité économique peine à rebondir sous les effets surtout des restrictions sanitaires et dans une moindre mesure de la crise immobilière et des facteurs climatiques (sécheresse dans différentes régions qui engendre des rationnements de l’électricité), comme en témoigne la publication des indices PMI officiels de juillet, en contraction dans l’industrie. Face à ces inquiétudes, les autorités ont annoncé de nouvelles mesures de relance représentant près de 150 MM$ de dépenses et la banque centrale a baissé ses taux directeurs à deux reprises mais cette réponse ne suffit pas pour le moment à renforcer la confiance et la croissance. Sur le mois, la performance de l’indice Hang Seng reste inférieure à celle des indices actions des marchés émergents (quasi stable vs -1% pour le Hang Seng).

Enfin, l’un des faits saillants d’août aura été l’explosion des cours du gaz qui ont atteint un point haut historique (+69% à 339 €/MWh) à cause de la suspension du gazoduc Nord Stream 1 par Moscou, avant de retomber aux alentours de 240 €/MWh (+20% sur le mois) après des nouvelles favorables relatives à l’atteinte de l’objectif de remplissage des stocks de gaz en Europe. Le cours du pétrole a également été volatil (le Brent oscillant entre 92 et 105 $/baril) sur fond de ralentissement de l’économie mondiale et d’annonce d’une réduction de la production de l’OPEP.

Achevé de rédiger le 31 août 2022