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Point Macro-économique avec François Duhen - Novembre 2022

La résilience de l’économie mondiale, couplée au ralentissement de l’inflation et aux discours plus accommodants des banques centrales ont constitué le parfait cocktail pour soutenir l’appétit pour le risque observé depuis plusieurs semaines sur les marchés financiers. Le revirement des autorités sanitaires en Chine concernant la politique « zéro-Covid » a également contribué à l’optimisme des investisseurs. Ces derniers continuent néanmoins de surveiller l’impact de la crise énergétique et l’évolution de la situation géopolitique en Ukraine, d’autant plus qu’une nouvelle salve de sanctions contre Moscou vient d’entrer en vigueur.

En zone euro, l’inflation a ralenti pour la première fois depuis plus d’un an et s’établit ainsi à 10% pour le mois de novembre (contre 10,6% en octobre). A l’image de la Fed ces dernières semaines, les membres de la BCE commencent à adopter un discours un cran plus prudent, en évoquant un ralentissement du rythme des hausses de taux directeurs. Celles-ci ne sont toutefois pas encore à leur terme alors qu’une politique monétaire durablement restrictive est toujours nécessaire pour éviter la formation d’une boucle prix-salaires et le désancrage des anticipations d’inflation. Les investisseurs ont surtout retenu la partie la plus accommodante de ce message, ce qui se reflète dans la chute très marquée des taux souverains depuis un mois (taux français à 10 ans : -51 pb à 2,28%) et le rebond des marchés d’actions (Stoxx 600 : +8%). L’euro s’est également nettement apprécié face au dollar (+5% à 1 € = 1,05$), essentiellement grâce à la faiblesse du billet vert, mais aussi sur fond d’optimisme quant à la capacité de l’Europe à éviter les contraintes énergétiques les plus fortes. Soulignons toutefois, qu’après un automne particulièrement chaud, les températures ont nettement rechuté ces dernières semaines, entraînant une nouvelle envolée du prix du gaz (+13% à 134 €/MWh). Les prix de l’électricité repartent aussi à la hausse, portés de manière additionnelle par les difficultés persistantes sur le parc nucléaire français.

L’inflation rechute également aux Etats-Unis (pour le 4ème mois consécutif) avec un chiffre d’octobre qui s’établit désormais à 7,7% (contre 8,2% en septembre), conduisant le président de la Fed Jerome Powell à ajuster son discours. Un ralentissement du rythme des hausses de taux directeurs (+50 pb vs +75 pb auparavant) est quasiment acté pour la prochaine réunion de politique monétaire, ce qui alimente là encore la baisse des taux souverains (taux à 10 ans : -56 pb à 3,57%) et la progression des marchés d’actions (S&P 500 : +6%). Les investisseurs continuent par ailleurs d’anticiper une baisse des taux directeurs fin 2023 alors même que la banque centrale américaine ne cesse de rejeter cette hypothèse. La résilience de l’économie américaine à ce stade la conforte dans ce scénario, à l’image des indicateurs économiques publiés ces dernières semaines qui ont majoritairement surpris à la hausse et contribué à dissiper les craintes de récession outre-Atlantique.

Dans le même temps en Chine, la montée en puissance de la contestation au sein de la population à l’encontre de restrictions sanitaires trop strictes a poussé les autorités sanitaires chinoises à alléger ces règles et ouvrir la porte à une sortie progressive de la stratégie « zéro-Covid ». Pékin semble ainsi préparer le terrain à une réouverture durable de son économie d’ici quelques mois, bien que le risque humain est très élevé compte tenu de la faible efficacité des vaccins chinois. Les espoirs de rebond économique portent néanmoins les marchés d’actions locaux (Hang Seng : +20%), d’autant plus que les autorités chinoises ont également annoncé des mesures additionnelles de soutien à l’économie et un assouplissement des contraintes réglementaires sur le secteur de l’immobilier.

La perspective d’une réouverture de la Chine a alimenté une remontée des métaux industriels comme le cuivre (+4%) et l’aluminium (+7%). Le Brent en a profité temporairement mais la mise en place par l’Europe d’un prix maximal sur le pétrole russe jugé trop généreux (60 $/b soit à peu près le niveau auquel s’échangeait déjà ce dernier) et le statuquo décidé par les pays de l’OPEP+ lors de leur dernière réunion ont fini par fragiliser les cours du brut (-12%).

Achevé de rédiger le 6 décembre 2022