RECHERCHEZ UN FONDS

La réglementation SFDR, une opportunité de réaffirmer notre engagement en matière de finance responsable.

Jean Pierre Mariaud
Patricia Kaveh, head of distribution
Crédit Mutuel Investment Managers

La vague de l'ESG est une tendance lourde qui répond aux attentes des particuliers comme des investisseurs institutionnels. Dans ce contexte, quel impact l’arrivée du règlement SFDR aura-t-elle sur le secteur ?

L’objectif de la règlementation européenne dite SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) est de fournir une plus grande transparence ainsi qu’une grille de comparaison de l’offre de fonds d’investissement, au niveau de leur approche environnementale, de gouvernance et sociale (ESG). L’idée est que les investisseurs puissent identifier plus facilement les produits et disposent d’une documentation extra-financière avec des standards minimums au niveau européen. Il est vrai qu’une offre large a émergé ces dernières années sur cette thématique d’investissement sous l’impulsion notamment des institutionnels qui de façon plus ou moins engagée souhaitaient donner une dimension responsable à leurs investissements. L’application des dispositions de ce règlement va s’étaler dans le temps, le 10 mars 2021 marquant le début du processus.

Quelles mesures les acteurs de l’industrie des fonds ont-ils pris ?

Coté sociétés de gestion, l’offre de fonds d’investissement investissement socialement responsable (ISR) a considérablement augmenté sur les dernières années tout comme la terminologie de ce segment de produit avec des fonds éthiques, ESG ou responsables, solidaires, ISR, à impact…etc. Face à ce mouvement, des labels se sont organisés afin d’offrir une meilleure lisibilité - avec succès - mais il est vrai que l’émergence de plusieurs labels dans différents pays ont rajouté de la complexité à la fois pour les investisseurs mais également pour les sociétés de gestion : la question du choix du label se pose toujours à chaque nouvelle commercialisation.
SFDR permet d’apporter une nouvelle lecture - en parallèle des labels - avec des standards minimums fixés permettant une comparabilité ESG des fonds d’investissement.
Coté distributeur, le timing de SFDR correspond également très bien avec une autre réglementation européenne qui doit rentrer en vigueur prochainement, celle de l’intégration de préférences ESG dans les questionnaires clients MIF2 qui, pour rappel, visent à vérifier l’adéquation des investissements proposés aux besoins des clients: ce sujet est en ce moment même discuté avec comme agenda une publication de « guidelines » au premier trimestre 2022 et une application dans la deuxième partie de l’année 2022.

Pour les sociétés de gestion que Crédit Mutuel Investment Managers représente, la mise en place de la règlementation SFDR est l’occasion de réaffirmer leurs engagements et leur implication forte en matière de finance responsable. A titre d’exemple, Crédit Mutuel Asset Management s'investit en gestion socialement responsable depuis plus de 15 ans par la création de gammes de fonds, la labellisation et l'intégration de critères ESG dans ses fonds. Elle a aujourd’hui pour ambition que la majeure partie de ses fonds ouverts respectent les critères de l’article 8 ou de l'article 9 du règlement européen SFDR.
Comme Crédit Mutuel Asset Management en 2012, BLI Banque de Luxembourg Investment a signé les principes de l’investissement responsable des Nations Unis (UN PRI) en 2017, ce qui a permis de renforcer la place de l’ESG au sein de son offre de solution de placement et de poser les bases d’une communication transparente et claire en matière d’investissement responsable. La classification apportée par le règlement SFDR s’inscrit dans cette dynamique et formalise des pratiques existantes. Plusieurs fonds de la gamme BLI répondent déjà aux exigences de l’article 8 ou 9 de la réglementation SFDR. L’objectif est que la majeure partie de la gamme tende vers ces classifications à terme.

Les banques vont-elles continuer à exiger des labels de finance verte ou responsable ?

Jusqu’à présent, c’était le rôle des labels d’apporter un certain éclairage aux investisseurs qui souhaitaient faire le tri dans les fonds durables.
Les labels européens sont nombreux : label ISR et label Greenfin pour la France, FNG Siegel pour DACH, Luxflag à Luxembourg, Towards Sustainability en Belgique, Nordic Swan Label dans les pays nordiques.
L’entrée en vigueur du règlement SFDR rebat les cartes dans la mesure où d’ici le 1er janvier 2022 un grand nombre de fonds devrait être re-catégorisé article 8 (promouvoir l’ESG versus son intégration jusqu’à auparavant).
L’impact de MIF2 avec l’intégration de la durabilité dans les préférences clients est encore inconnu mais devrait modifier la situation si les textes en discussion actuellement passaient. L’entrée en vigueur de la taxonomie en fin d’année va également façonner un nouveau paysage pour les fonds ESG/ISR et impact.
Auparavant certains labels avaient pour rôle d’être garants d’un standard minimum en terme de transparence. Il y a fort à parier qu’avec les évolutions réglementaires actuelles de SFDR et de MIF2, les labels évoluent soit vers la spécialisation, soit vers le durcissement de leurs standards.