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Le mois de janvier a été marqué par le rebond des taux souverains européens et américains, sur fond d’anticipation par les investisseurs d’un assouplissement monétaire moins fort de part et d’autre de l’Atlantique. La résilience remarquable de l’économie américaine, qui contraste du reste avec la croissance atone de la zone euro au 4e trimestre 2023, peut également expliquer ce mouvement, même si les marchés d’actions évoluent globalement dans la même fenêtre de part et d’autre de l’Atlantique (c. +1/+2% pour le Stoxx Europe 600 et le S&P 500). La Fed et la Banque centrale européenne (BCE) ont laissé leur politique monétaire inchangée à l’issue de leur réunion et ont conservé leur prudence en ce qui concerne la suite à donner à la politique monétaire, malgré le processus de désinflation en cours. En Chine, l’objectif de croissance fixé par les autorités a finalement été atteint en 2023 malgré la persistance des difficultés structurelles. La baisse substantielle des indices actions chinois a conduit les autorités à renforcer les mesures visant à rétablir la confiance des investisseurs et à soutenir l’économie, à l’image de la réduction du ratio de réserves obligatoires pour les banques. Dans l’ensemble, la tenue de l’économie mondiale, et notamment de l’économie américaine, ainsi que les tensions géopolitiques au Moyen-Orient ont contribué à l’augmentation des cours du pétrole sur le mois.

En zone euro, à la suite de sa réunion de politique monétaire, la BCE n’a procédé à aucune modification sur les outils tant conventionnels (taux directeurs maintenus à 4%) que non conventionnels (la réduction de la taille du bilan accélérera comme convenu au 2e semestre 2024). La BCE est restée prudente dans sa communication sur le calendrier des baisses de taux en conservant une approche guidée par les statistiques (data dependent), en particulier dans l’attente du résultat des revalorisations salariales du 1er trimestre, qui sera publié au printemps. Si les membres de la BCE ont multiplié les prises de parole suggérant que l’assouplissement monétaire est à venir, la date à laquelle la première baisse des taux interviendra fait toujours débat. L’inflation a en effet poursuivi son repli en janvier, la donnée totale s’établissant à +2,8% sur un an (vs +2,9% en décembre) et la sous-jacente à +3,3% (vs +3,4% en décembre). L’économie européenne a évité la récession au 4e trimestre selon les données préliminaires de croissance (0% en rythme séquentiel vs -0,1% au T3), masquant toutefois d’importantes disparités entre les pays, notamment entre l’Allemagne (-0,3%) et l’Italie (+0,2%) et l’Espagne (+0,6%). Pour leur part, les indicateurs d’activités PMI ont envoyé des signaux mitigés en s’établissant en léger rebond, mais toujours en territoire de contraction, signifiant ainsi une faiblesse de l’activité en zone euro qui s’atténue progressivement. Enfin, l’enquête trimestrielle Bank Lending Survey de la BCE a souligné la modération du rythme de dégradation des conditions d’octroi de crédits des banques au 4e trimestre.

En France, à l’instar de la zone euro, l’économie a connu une croissance atone au T4 (0% en rythme séquentiel, stable par rapport au T3 révisé à 0%), qui s’explique par une demande intérieure en berne. L’inflation totale a ralenti sur le mois de janvier après avoir connu un regain en décembre (+3,1% en janvier en glissement annuel vs +3,7% en décembre). Les indices PMI sont restés en territoire de contraction (sous le seuil de 50, à 44,6 en janvier vs 44,8 en décembre pour l’indice composite) : dans le secteur manufacturier, l’activité a continué de se contracter, mais à un rythme plus modéré qu’attendu en janvier, tandis que l’activité dans les services s’est dégradée davantage que ce qui était attendu.

Au Royaume-Uni, les statistiques de croissance mensuelle ont témoigné d’un léger rebond de l’activité en novembre (+0,3% en glissement mensuel en novembre vs -0,3% en octobre), porté notamment par les services, une tendance également soulignée par les indices PMI qui s’améliorent en janvier (indice composite à 52,9 vs 52,1 en décembre). La croissance des salaires a ralenti en novembre et reste sujette à des révisions méthodologiques, mais demeure toujours élevée (hors bonus : +6% en glissement annuel vs +6,2% en octobre), tandis que l’inflation britannique a rebondi en décembre au-delà des attentes, sur la partie tant totale que sous-jacente (respectivement à +4% vs +3,9% en novembre en glissement annuel et +5,1% en glissement annuel, stable), avec en particulier une hausse marquée des prix dans les services (+1% en glissement mensuel, notamment dans les services de transport).

Aux Etats-Unis, lors de sa réunion de politique monétaire, la Fed a maintenu sa fourchette cible de taux directeurs à 5,25-5,5%, une décision largement attendue par les investisseurs. Le communiqué a toutefois évolué afin d’évoquer la baisse des taux directeurs (alors qu’il faisait précédemment mention d’un éventuel durcissement additionnel), tout en insistant sur le fait qu’il était encore trop tôt pour l’envisager et qu’il fallait conserver une approche data dependent. Les statistiques publiées ce mois-ci ont en effet témoigné d’une économie toujours résiliente et d’un processus de désinflation progressif, ce qui a contribué au rebond des taux souverains (à 10 ans : +15 pb sur le mois). D’une part, la croissance a largement dépassé les attentes au 4e trimestre 2023 (+0,8% en glissement trimestriel après +1,2% au T3-2023), en particulier portée par la consommation des ménages et l’investissement. D’autre part, la détente du marché du travail reste lente, au regard du dynamisme des créations d’emplois non agricoles en décembre (216 k vs 173 k en novembre), tandis que le taux de chômage est resté stable (à 3,7%) et que la croissance des salaires horaires a rebondi (+4,1% en glissement annuel vs +4% en novembre). Si le taux d’inflation CPI a rebondi en décembre (+3,3% en glissement annuel vs +3,1% en novembre), le taux d’inflation PCE, indicateur privilégié par la Fed, est resté stable (à +2,6%), alors que leurs composantes sous-jacentes, hors énergie et alimentation, ont ralenti. Enfin, le Congrès a adopté un nouveau budget provisoire, reportant la date d’un éventuel shutdown (arrêt des services gouvernementaux non essentiels) au 1er mars, et les chefs de file des deux partis au Congrès, M. Johnson et C. Schumer, seraient parvenus à un accord sur un budget pour l’exercice fiscal 2024.

En Chine, les données de PIB pour le 4e trimestre (+5,2% en 2023, tout juste au-dessus de la cible de 5% des autorités; +1% au T4 en rythme séquentiel) ainsi que les statistiques de consommation et d’investissement en décembre ont témoigné des difficultés de l’économie, qui continue d’évoluer en déflation en décembre. Les autorités chinoises ont renforcé les mesures visant à raviver la confiance des investisseurs (contribuant un temps au rebond des indices actions chinois mais n’empêchant pas ces derniers de marquer une baisse de l’ordre de -9% en janvier), avec en particulier l’annonce par la Banque populaire de Chine d’une réduction de 50 pb du ratio de réserves obligatoires pour les banques, l’achat d’actions domestiques ainsi qu’une incitation à limiter les ventes à découvert. Du reste, le Parti démocrate progressiste taïwanais (DPP), au pouvoir depuis 2016 et favorable à l’indépendance du pays, a remporté l’élection présidentielle, concédant toutefois sa majorité au Parlement au parti nationaliste chinois, le Kuomintang.

En ce qui concerne les matières premières, les cours du pétrole ont connu une hausse sensible en janvier, portée par la résilience de l’économie mondiale et, dans une moindre mesure, par le risque géopolitique, lequel s’est finalement apaisé dans le sillage des rumeurs d’accord entre Israël et le Hamas, participant au recul du prix du Brent en fin de mois. En parallèle, le cours du gaz européen a diminué vers 30 €/MWh. Enfin, l’indice des prix agricoles FAO a poursuivi sa baisse en janvier, du fait de la diminution des prix des céréales.

Achevé de rédiger le 15 février 2024