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Le mois de février aura été marqué par le recalibrage des attentes de baisse des taux directeurs des investisseurs, tant aux Etats-Unis qu’en zone euro, dans un sens plus restrictif. Aux Etats-Unis, malgré l’émergence de signes plus tangibles de ralentissement de l’économie américaine, le rebond des prix à la consommation et à la production au mois de janvier, conjugué aux discours des membres de la Fed favorables à une politique monétaire plus longuement restrictive, ont ainsi contribué à la hausse des taux souverains. En zone euro, les membres de la Banques centrale européenne (BCE) ont également réitéré leur prudence et tempéré les anticipations de baisse des taux directeurs des investisseurs, ce qui a aussi porté les taux souverains. Du reste, les annonces en début de mois de pertes potentielles d’établissements de crédit aux Etats-Unis (New York Community Bancorp), au Japon (Aozora) et en Europe avec l’allemand PBB (Deutsche Pfandbriefbank) ont un temps ravivé les inquiétudes relatives à la faiblesse du marché immobilier commercial, en particulier aux Etats-Unis. Ces éléments n’auront cependant pas été de nature à pénaliser les marchés d’actions, portés à la hausse en février par une saison de résultats solide des deux côtés de l’Atlantique, en particulier sur le segment « IA ». En Chine, la Banque populaire de Chine a assoupli davantage sa politique monétaire alors que la déflation et la baisse de la demande de crédits s’est poursuivie en janvier.

En zone euro, l’activité économique a présenté des signes d’amélioration au mois de février, à l’instar des indices PMI préliminaires de février. Ces derniers ont indiqué un rebond de l’activité dans les services, qui repasse au seuil d’expansion (à 50), signe d’une amélioration conjoncturelle malgré les difficultés de l’industrie allemande (illustrée par la faiblesse de sa production industrielle et de son indice PMI manufacturier). Ceci a soutenu la hausse des taux souverains européens de courte et longue échéances, tout comme la prudence des membres de la BCE, qui, pour une large majorité d’entre eux, ont fait part de leur souhait de limiter les risques d’un assouplissement prématuré de la politique monétaire (une position également rappelée dans le compte-rendu de la dernière réunion de la BCE. Les données préliminaires nationales d’inflation du mois de février ont en effet présenté une situation mitigée. Si l’inflation ralentit davantage qu’attendu en Allemagne (+2,5% en glissement annuel vs +2,6% attendu et +2,9% en janvier), l’inflation sous-jacente, portée par les services, ne faiblit pas (+3,4% comme en janvier). Mais le ralentissement des salaires négociés européens en fin d’année dernière (T4-2023) constitue un signal positif en faveur d’une détente progressive du marché de l’emploi. Malgré la hausse des taux souverains européens (de près de 30 pb sur le mois pour l’Allemagne à 10 ans), notons que les spreads souverains entre l’Allemagne et les pays périphériques, en particulier l’Italie, ont continué de se resserrer (sous le seuil de 150 pb pour l’écart de taux Italie-Allemagne à 10 ans).

En France, la Banque de France et de l’Insee ont anticipé, dans leurs enquêtes de conjoncture respectives, une croissance française très modeste en début d’année (entre +0,1% et +0,2% en rythme séquentiel au T1-2024). Les perspectives de croissance ont également été révisées à la baisse par le gouvernement (+1% en 2024 vs +1,4% précédemment). Pour tenir son objectif de déficit public de 4,4% du PIB en 2024, le gouvernement a exclu tout hausse d’impôts et a prévu un plan de 10 MM€ d’économies portant sur les dépenses de fonctionnement des ministères et sur des politiques publiques.

Au Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre a maintenu ses taux directeurs inchangés à 5,25%, une décision soutenue par six de ses neuf membres. L’institution a pris en compte la rechute plus rapide qu’attendu de l’inflation, et a donc retiré de son communiqué le biais de risque haussier sur ses taux directeurs. Néanmoins, son gouverneur A. Bailey a bien pris le soin de préciser que la patience prévaudrait avant une première baisse. Si l’économie britannique est entrée en récession technique au 4ème trimestre 2023 après deux trimestres consécutifs de contraction (-0,3% en rythme séquentiel au T4 vs -0,1% au T3) dans le sillage de la baisse consommation, depuis, la tendance est plus favorable (les indices PMI du début d’année évoluent en territoire d’expansion). Par ailleurs, l’inflation britannique est restée élevée en janvier (+4% comme en décembre), et les salaires continuent de croitre à des rythmes élevés.

Aux Etats-Unis, si le mois de février a débuté par des surprises positives pour l’emploi américain (hausse des créations d’emplois, accélération des salaires) et le secteur des services (hausse de l’indice ISM services) en janvier, les signes de ralentissement de la croissance américaine ont commencé à émerger au cours du mois. Les ventes au détail et la production industrielle ont en effet reculé en janvier. Toutefois, l’inflation américaine CPI a moins ralenti qu’attendu, sa composante sous-jacente, hors énergie et alimentation, ne faiblit pas (+3,9% en glissement annuel) et l’indice des prix à la production a rebondi. Dans ce contexte, plusieurs membres de la Fed ont exprimé leur prudence relative à la date d’une première baisse des taux directeurs, et formulé, y compris au travers du compte-rendu de la dernière réunion de politique monétaire, leur volonté d’attendre des signes plus tangibles du retour de l’inflation vers la cible. Ces éléments ont dans l’ensemble contribué à l’appréciation des taux souverains américains (de près de 40 pb à 10 ans), mais n’ont pas empêché le S&P 500 de progresser (+5%) et de surperformer son homologue européen (Stoxx Europe 600 : +2%). Malgré le regain de craintes sur certaines banques commerciales et le secteur de l’immobilier commercial (avec notamment les difficultés de New York Community Bancorp), les investisseurs ont surtout retenu une saison de résultats T4-2023 globalement supérieure aux attentes, en particulier sur le segment de l’intelligence artificielle tel qu’attesté par le nouveau record boursier atteint par Nvidia (+29% en février). En outre, le resserrement monétaire a continué de produire des effets sur les conditions bancaires, selon l’enquête SLOO (Senior Loan Officer Opinion Survey) sur le crédit bancaire au T4-2023 menée par la Fed.

En Chine, la banque centrale a annoncé l’assouplissement de sa politique monétaire en réduisant son taux directeur à 5 ans de 25 pb a 3,95%, ce qui vise à soutenir le secteur immobilier en crise, d’autant que l’économie continue d’être en déflation en janvier. Au début du mois, les indices d’activité PMI Caixin de janvier ont quelque peu déçu les attentes et la croissance des crédits a atteint, en janvier, un point bas de 2003. Les marchés d’actions ont tout de même progressé d’un cran dans l’Empire du Milieu (Hang Seng à +6%), mais ceci n’a que très partiellement compensé les évolutions des mois précédents, marqués par une longue période d’hémorragie pour les actifs financiers chinois.

S’agissant des matières premières, les cours du pétrole ont connu une légère remontée (à 82 $/baril), portés par l’amélioration des perspectives de demande. Pour sa part, le cours du gaz européen (Dutch TTF) a continué de diminuer sous le seuil 30 €/MWh, une baisse qui s’explique tant par la douceur de l’hiver que par la diversité de l’offre. Enfin, l’indice des prix agricoles FAO a poursuivi sa baisse en février à la faveur de la diminution des prix des céréales et de la viande.

Achevé de rédiger le 12 mars 2024